Mordue (2021) cite Csikszentmihalyi (2002): “Les meilleurs moments arrivent d’ordinaire lorsque le corps et l’esprit de la personne sont tendus à leur limite dans un effort volontaire de développer quelque chose d’exigeant qui en vaille la peine”. On parle alors de flow, de cette absorption de soi par la tâche, qui fait oublier tout le reste, avec sa cohorte de soucis et d’exigences. L’attention de la personne, qui est entière, ne suscite pas chez elle de fatigue physique, non plus que de lassitude morale, et encore moins d’exténuation intellectuelle. L’état de flow, au travail, est cet espace-temps d’actualisation de soi, à compter d’une tâche en traitement, qui remplit la condition de la réalisation optimale de son potentiel propre de contribution au mieux-être de son “monde” (l’entreprise est ses parties prenantes).
Or, se réaliser suppose se dépasser soi-même, par l’intelligence, et, surtout, l’utilité de ses apports au résultat d’exercice, dans l’entreprise qui nous emploie. L’objet n’est pas d’ajouter, par le profit obligé, à la valeur de l’actionnaire, mais de s’actualiser, comme personne, à travers ses engagements professionnels. En optimisant ses propres capacités, potentialités et opportunités d’amélioration personnelle, chacun en arrivera à mieux contribuer au résultat global des opérations, dans l’entreprise retenant ses services. Mais la fin de l’entreprise ne sera pourtant pas à confondre avec les voies et les moyens de son activité et de ses affaires.
Or, dans l’entreprise conventionnelle, les dirigeants priorisent le profit, au détriment de l’actualisation des personnes. Le résultat sur l’activité et les affaires, au lieu d’être optimal est tout juste normal. C’est-à-dire, que chacun ne produit que ce qui lui assure un emploi le lendemain, au lieu de lui valoir une carrière exaltante sur le long terme. Non pas une carrière à régresser sur son talent, mais à progresser sur celui-ci, en innovant en vue de se réaliser pleinement par l’initiative de ses contributions.
Le flux de valeur ajoutée à l’entreprise passe inexorablement par le flow de valorisation de soi, à traves le travail exécuté, pour son personnel. Les entreprises à flow inexistant ou presque sont des organisations sans flux ou presque de valeur ajoutée au final de leurs opérations.