Ziegler (2018) rappelle que “la Révolution française, les jacobins et la première République ont aboli le pouvoir absolu de la monarchie, brisé définitivement la féodalité, libéré les cerfs, instauré la souveraineté populaire et donné à une grande partie de l’humanité l’espoir d’une vie plus libre et plus digne. Mais la sanctification de la propriété privée, fondement de l’exploitation capitaliste, par les jacobins notamment, a conduit au désastre dont – d’une façon terrible – nous souffrons aujourd’hui”. De fait, le principe de “la propriété privée”, en mode “protection absolue”, s’inscrit depuis “au détriment de l’intérêt collectif”. Or, l’humain n’a de droits que reconnus par les autres. Ce qui suppose, que le collectif doive demeurer, pour que s’exerce ses droits. On ne peut oblitérer la préséance du collectif sur l’individu, du moins en matière de reconnaissance de droits, et prétendre que ce dernier puisse bénéficier d’une liberté accordée par ce premier. Seul l’humain n’est pas tant libre qu’obligé par sa propre condition, en ce que cela ne suppose pas qu’il puisse être plus que ce qu’il est. C’est la reconnaissance des autres qui lui fait dépasser sa condition, en lui permettant d’être plus que ce qu’il apportera lui-même au monde.
En entreprise, le “sacre de la propriété privée” fait oublier, que le collectif doit primer sur l’individu, sans quoi il ne peut être d’organisation de quoi que ce soit. L’activité et les affaires de l’entreprise n’ont d’utilité finale, dans le marché, que si elles sont accomplies en concordance d’intérêts entre les tous les acteurs-preneurs à leur exécution. Or, “la protection absolue” de la propriété privée, en entreprise, donne prise à une surenchère de la préséance du particulier sur le général. L’individuel du pouvoir, que s’arrogent les dirigeants, qui sont entièrement dépendants des autres pour le rendu attendu sur l’activité et les affaires, déporte au second plan le collectif de l’être. Or, c’est bel et bien ce dernier qui fonde la mesure finale du produit livré par l’entreprise, et, ce faisant, assure son utilité au marché.
Les dirigeants s’approprient le mieux-être de l’humain, par l’exercice d’un management discriminant à l’égard du collectif qu’est le personnel, lorsqu’ils récusent la primauté du droit d’être et de s’affirmer librement de ce dernier. De fait, les dirigeants font prévaloir l’individuel de leurs privilèges sur le collectif de condition du personnel, dont, encore une fois, le rendu de l’activité et des affaires de l’entreprise dépend. L’entreprise ne peut être considérée autrement que comme un collectif de pouvoir, d’avoir et d’agir, si la logique économique de son service au marché (à la communauté élargie) doit avoir un sens utile. Au lieu de s’avantager, encore et toujours plus, les dirigeants devraient avantager, encore et toujours mieux, le collectif d’intérêts auquel ils participent eux-mêmes au sein de l’organisation qu’est l’entreprise qui retient leurs services.