Le Texier (2022) note, que “Les managers entendent gouverner l’humain comme les physiciens la matière”. Il ajoute: “… ils absorbent, analysent, réarrangent, synthétisent, systématisent, appliquent”. Tout se traduit, pour eux, en lois de la matière malléable à dessein, parce que gouvernable à destin. Or, le management est et demeure un vécu, une expérience humaine, au pourtour non définissable d’avance, comme une matière dont on ne connaîtrait pas au départ les tenants et les aboutissants d’état. La matière, ce sur quoi finit par porter l’activité, est, elle, de l’ordre des moyens à disposer pour l’accomplissement de cette dernière, alors que l’humain, celui qui intervient sur les moyens de l’activité, n’est en rien matière à disposer, mais à accommoder pour que la tâche que suppose cette dernière soit réalisée.
Le management, que l’on confond, au final des opérations, avec les principes comptables, les lois de la mesure financière de l’exploitation des ressources, ne consiste pas à évaluer, mais à potentialiser l’accomplissement de l’activité et des affaires de l’entreprise. Ce qui suppose, qu’il soit centré sur l’humain, avant de l’être sur la matière. Mais voilà, l’humain a maille à partir avec l’humain. Il préfère se réfugier derrière la matière, au lieu d’assumer ses interfaces, interactions et interrelations avec ses semblables. Le management devient, dans cette foulée, un exercice mathématique pur, quand l’activité, dans sa finalité, mais aussi dans ses moyens, dépend de la qualité des engagements de ses acteurs à la rendre.
La gestion par résultat met l’accent sur la mesure du rendement sur l’activité, alors que cette dernière n’est jamais que le produit des habiletés multipliées par l’état d’esprit du personnel à exécuter la tâche qu’elle suppose. Or, l’humain en situation authentique d’emploi, en entreprise, est un être en attente d’actualisation de lui-même, bien que son talent, lui, sera exercé sur la matière entrant dans le produit fini de son travail. Au lieu de manipuler des chiffres et de comptabiliser des sorties de système, la direction de l’entreprise serait plus avisée d’assurer des satisfaction, motivation et engagement au travail, chez ceux et celles dont dépendent l’activité et les affaires de cette dernière.
L’entreprise, dans la majorité des cas, a saveur de régurgitation comptable, au lieu d’avoir l’attrait social d’un espace-temps de réalisation du potentiel humain de son monde.