Les mots clichés sont ceux de type passe-partout, c’est-à-dire qu’il se soustraient au besoin de définition, pour soi-disant pénétrer sans effort d’intelligence propre les esprits humains. Le management, semble-t-il, a toute les apparences d’une langue de bois, ou tout ce qui est dit est, par effet de simple communication, un stéréotype, un cliché. Tout ce qu’il recouvre s’entend, sans se définir, et donc tout y serait précis dès le départ des échanges, même si rien n’a jamais été confirmé entre les interlocuteurs par la suite. Il en découle, une perception d’automatisme de compréhension des concepts, notions et idées que le management permet d’avancer, par le moindre intervenant dans le champ de spécialisation qu’il est.
Satisfaction, motivation, engagement, bienveillance et reconnaissance, comme flexibilité, agilité, adaptabilité, transparence et imputabilité sont “utilisés”, par qui le veut comme il l’entend. On a alors droit à des “alternative sense”, lesquels n’ont d’intelligence que présumée, faute de définition entendue d’avance des deux côtés des échanges communicationnels entre ceux et celles qui les “émettent” et ceux et celles qui les “reçoivent”. Tout le monde pense avoir compris ce qui n’a pas été situé dans le discours, parce que les mots, en soi, étaient familièrement connus au préalable des échanges. Or, la langue du management n’est pas celle de l’ingénierie spontanée du sens des choses, des situations et des projets. Comme tout domaine de spécialisation, son corps d’expression repose sur des concepts, notions et idées qu’il vaut de partager, si l’on veut comprendre de quoi ils retourneront quand ils seront inclus dans les échanges entre ceux et celles qui voudront faire de l’entreprise intelligente et responsable.
Soit, la langue est vivante. Et les mots qui l’expriment évoluent. Mais cela ne suppose pas, que la contraction du sens, par la confusion des termes, rendra l’intelligence du management plus évidente, dès lors que chacun imputera aux mots, qui doivent le rendre plus compréhensible, une intention sous-jacente “d’alternative sense”. Le but de la communication n’est pas de refaire le sens des mots chaque fois, mais de comprendre le message qu’elle véhicule. Ce qui suppose un respect préalable du sens commun des mots, sans que leur recontextualisation n’oblitère automatiquement l’évolution de la discipline qui s’en servira. On peut faire évoluer le management, sans nécessairement dénaturer d’abord les mots qui lui ont été propres jusque-là. En somme, le management ne doit pas devenir un capharnaüm de la langue, pour devenir plus utile dans son application courante des choses de l’humain en entreprise.