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De la philosophie, de la physique et du management

Klein (2018) souligne que “Victor Weisskopf (1908-2002), physicien aussi brillant que facétieux, rappelait volontiers à ses étudiants que la philosophie pose des questions générales et y apporte des réponses limitées, tandis que la physique pose des questions limitées et y apporte des réponses générales”.

En entreprise, on a trop souvent la très nette impression que la direction pose des “questions générales” et apporte des “réponses limitées”. Alors que le personnel pose des “questions limitées” et apporte des “réponses générales”. De fait, la direction pose la “question générale” du besoin éminent de relèvement marqué de l’engagement du personnel au travail, mais apporte des “réponses limitées” en termes de contexte du travail et de conditions générales d’exécution de la tâche susceptibles de satisfaire à l’impératif de rendement supérieur sur l’activité et les affaires qu’elle attend. Le personnel, de son côté, pose avec insistance la “question limitée” du défaut de voies et moyens d’expression libre de son talent, en vue de l’accomplissement de soi au travail, mais sait invariablement apporter des “réponses générales” au rendu concurrentiel attendu de l’activité et des affaires de l’entreprise.

Il y a deux poids deux mesures, dans l’appréciation des modes, méthodes et pratiques de gestion de l’activité et des affaires, dans une même entreprise, dont, pourtant, la logique de fonctionnement interne supposerait la rencontre, à moindre risque et à moindre effort, des intérêts de chacun concerné, pour que les retombées en soient au mieux relevées. Le problème vient de la surconcentration de la propriété, du pouvoir et de l’avoir, au profit immanquable de la direction et au détriment invariable du personnel. L’objet (la mission) de l’entreprise ne consiste pas à faire plus de profit, mais à optimiser son service au marché. Ce qui, par effet de retour, va engendrer plus de revenu. De fait, l’entreprise répondant mieux aux attentes de son propre personnel servira mieux ses clients, et encaissera plus de revenu. Mais, dès lors que le profit sera départagé à l’avantage de la direction et au désavantage du personnel, le fléchissement de l’engagement à la tâche s’ensuivra en mesure proportionnelle.

Il manque de “questions limitées” et de “réponses générales”, en matière d’équité de traitement des personnes dans l’entreprise, pour les “questions générales” et les “réponses limitées” qu’on y rencontre au chapitre du partage du risque, de l’effort et des retombées. Le déséquilibre, dans le traitement des personnes, se répercute fatalement sur le dysfonctionnement de l’activité et des affaires, dont l’entreprise devrait tirer son rendement supérieur sur mandat d’activité et d’affaires propres. Le problème en est un d’incapacité viscérale à réformer les mentalités de dirigeants, et non pas dans la volonté d’exercice de son talent du personnel exécutant l’activité et les affaires de l’entreprise.