Harari (2018), à l’égard de la quête de nous-même, précise que “notre histoire est une fiction imputable aux mécanismes complexes de construction mentale qui nous font nous manufacturer, mettre à jour et réécrire” notre image personnelle. La “machine interne de chacun lui fait se créer (chaque fois) un mythe personnel”, celui qu’il veut mettre de l’avant, pour s’identifier auprès des autres. “Chacun passe un temps inouï à construire, embellir, une image de lui-même, qu’il voudrait parfaite”. Or, signale Harari, “99 % de ce que nous expérimentons ne devient jamais partie de notre histoire propre”. De fait, nous baignons dans plus large que nous-mêmes, comme espace-temps de vie. Partant, nous sommes partie d’expériences, qui nous dépassent, bien qu’elles nous aurons comprises. De ce fait, nous choisissons “notre histoire”, parce que nous ne pouvons tout inclure de ce que nous aurons connu, tout ne pouvant être associé à l’image de perfection que nous voulons fabriquer pour nous projeter à l’avantage recherché.
En entreprise, on insiste beaucoup sur l’importance de participer d’une même culture organisationnelle. La direction escompte, que la vision, la mission et les valeurs, telles que déclinées dans les énoncés les restituant, soient entendues et appliquées pour ce qu’elles annoncent. Or, c’est oublier, que chacun n’a pas intérêt d’être la copie de quiconque d’autre. Ce qui amène chacun à vivre dans un même milieu d’accomplissement de soi, celui du travail, en voulant se la différencier des autres. Chacun se compose alors une image qui l’avantagera personnellement. Et, donc, les expériences, pourtant vécues en commun par l’ensemble des acteurs dans l’organisation, ne seront pas nécessairement retenues par tous comme éléments de composition de son image personnelle. Ce qui ne signifie pas, que l’image des uns et de autres devra s’inscrire en opposition chaque fois, si la stabilité requise à la continuation de l’activité économique de l’organisation doit demeurer. Mais cela ne doit empêcher la complémentarité de personnalité de chacun, à travers l’image rendue au total de l’organisation, pour que se renforce la base culturelle de celle-ci.
Chacun a le droit d’être ce qu’il est, ce qu’il veut présenter de lui-même, à la condition que l’organisation, au total, n’en soit affectée adversement. Chacun doit pouvoir exprimer sa différenciation, sans que l’organisation n’en ressorte amoindrie pour autant. Or, dans la processus d’exécution de la tâche, les règles, normes et standards fixes s’inscrivent en faux par rapport à ce besoin humain d’expression de la différence de chacun. Que la fin de l’entreprise soit une et unique s’entend, sans quoi il ne serait pas d’activité ou d’affaires économiques réalisables par son truchement. Mais le vécu des expériences du travail doit, lui, autoriser chacun à trouver les voies et les moyens de l’expression de lui-même qui l’avantageront le plus, parce que son image (celle le satisfaisant) en dépendra directement.