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La réalité des choses en entreprise

Klein (2005) signale, que “un caillou, une pomme n’ont de réalité qu’à travers les différentes perceptions que nous en avons”. Effectivement, le phénomène de compréhension des choses, chez l’humain, tient de l’entendement qu’il se formera de leur réalité appréhendée, à compter des structures de pensée qu’il aura construites depuis les choses de son passé, et avec lesquelles il pourra les comparer pour les définir et donc les situer en les qualifiant. Or, les choses du passé ne sont pas nécessairement, et uniquement, des événements uniques par leur nature ou leur ampleur. Ce sont, généralement, des faits anodins de la vie, qui, par effet de récurrence, ajoutent au référentiel de comparaison de l’humain, et, ce faisant facilitent sa compréhension des choses. On parle alors de “vérité du minuscule”, comme en ont traité Démocrite, Épicure et Lucrèce.

Dans la vie quotidienne de l’entreprise, tout ne dépend pas de faits d’éclat. Au contraire, tout y serait lié aux choses marginales de la vie sociale qui s’y joue, pour qui y oeuvre. Ce qui comptera, pour leur entendement commun des choses, ce sont les référents d’exécution de la tâche, compris dans un contexte de travail permettant l’actualisation se soi pour chacun. Or, la direction, d’ordinaire, n’entend pas composer avec le “minuscule” des choses de l’humain, mais avec le “majuscule” des résultats sur l’activité et les affaires de l’entreprise. Le problème, c’est que le “majuscule de la direction” (voies et moyens de la concurrence), comme les structures (voies et moyens de l’activité) qui suivent la stratégie (fin de l’entreprise), suit invariablement le “minuscule du personnel” (l’engagement envers la fin de l’entreprise).

La direction confond “fin de l’entreprise” et “voies et moyens de l’activité”. Comme elle confond le “profit sur l’activité” et “la mission de l’entreprise”. Or, la mission implicite de toute entreprise réside dans la création (Drucker) du prochain client. Ce qui ne peut être assuré, que par la préférence de son offre par le client, face à celle alternative de ses rivales de marché. Une offre que la direction de l’entreprise peut décider, mais que seul le personnel de cette dernière réalisera. Dans l’ordre des choses à interpréter, au sein de toute entreprise, ce qui doit venir en premier c’est le “minuscule” des actes du personnel, si la direction escompte que s’en dégagera normalement le ‘majuscule” de l’activité qui fera de l’offre de cette première la créatrice du prochain client au détriment de la concurrence.

L’aberration, en management de l’entreprise, c’est de vouloir l’effet avant d’avoir satisfait aux exigences de la cause des choses. Ainsi, la direction fixe des objectifs de résultat, avant d’avoir assuré le contexte et les conditions de leur réalisation. Du cul par-dessus tête, qui explique la régression vers la moyenne de la performance de la masse des entreprises, au chapitre de l’engagement au travail du personnel.