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Ouvrages de références :

1) L’intelligification de l’autrement : Ou l’humain comme centre de l’attention;

2) L’humanisation de l’entreprise : Ou la gestion des interfaces, interactions et interrelations;

3) La confiance dans l’entreprise : Ou l’agir ensemble gagnant

1) L’intelligification de l’entreprise

L’intelligification de l’entreprise renvoie à la mobilisation optimale de l’ensemble des forces vives d’apport au rendement supérieur sur l’activité à mener. Et cela passe par l’offre des meilleures solutions économiques aux besoins sociaux liés au service du marché, que l’entreprise, qui entend satisfaire pleinement sa mission, doit remplir.

L’intelligification des affaires suppose une mise à contribution des capacités, potentialités et opportunités d’engagement, d’idéation et d’action de la part de tous les acteurs-preneurs à l’activité de l’entreprise. Il doit y avoir une coordination aussi patente qu’efficiente des décisions et des actes d’affaires d’un chacun, dans le cours normal de l’activité de l’entreprise, pour que le rendement de cette dernière réponde à l’impératif d’optimalité que lui impose sa mission implicite de service utile au marché. Bien que l’entreprise n’ait pas mission de rentabiliser ses opérations, elle doit satisfaire la demande qu’exprime le client qu’elle sert. Ce qui supposera, pour elle, de créer ce client, à chaque transaction conclue sur bien ou service d’offre. Or, toutes les entreprises, directement ou indirectement, sont en concurrence entre elles, en ce qu’elles sont en quête des mêmes clients. Le marché n’en présente jamais plus, qu’il n’existe de demandes à combler chez eux. Et bien que la demande de consommation soit vaste, les moyens d’y répondre, eux, sont limités.

Les entreprises sont contraintes d’offrir au client un bien ou un service constamment amélioré, si elles veulent optimiser leur effort de pénétration du marché. Ce qui commandera, qu’elles fassent un usage économe des ressources mises à contribution pour répondre à tel objectif de rentabilisation de leur activité. Et parce qu’il n’existe pas de coordination préalable à l’activité à mener entre les différents offrants dans le marché, il arrive que des surcapacités de production existent. Ce qui avivera la concurrence entre les entreprises, et entraînera une surenchère d’exigence des clients en termes de ratio qualité-accrue/prix-décru. La concurrence n’est pas l’objet de l’activité, mais la rentabilité de l’offre, elle, doit permettre la pérennité d’être de l’entreprise. En somme, la fin de l’entreprise, qui consiste à créer un client, une transaction à la fois, exige qu’elle soit économe dans l’usage de ses voies et moyens d’offre et qu’elle répondre au mieux à la demande finale. La mission de l’entreprise est d’étancher un besoin économique par le bien offert, en comblant une attente sociale de mieux-être chez le client. De fait, le client achète un bien, mais requiert le bienfait que le bien acquis lui procurera.

Tout n’est pas uniquement rationnel, dans le rapport de service au marché, pour l’entreprise, mais rien n’est jamais non-émotionnel, pour le client, dans sa relation avec celle-ci.

L’intelligification de l’activité implique une réduction par l’entreprise, jusqu’à parfait évitement de la duplication de l’offre existante, pour mieux répondre aux besoins et attentes non satisfaits des clients. L’entreprise doit faire montre de la créativité requise, pour lancer de nouvelles avenues d’intéressement des clients à ses affaires, celles qu’institueront dans le marché ses biens et services d’offre différenciés. Ce qui élargira pour elle le bassin de clients potentiels, tout en réduisant celui de ses rivales de marché, et augmentera parallèlement son rendement sur la ressource engagée pour produire un résultat d’affaires supérieur. C’est à ce prix, que l’entreprise demeurera plus longuement concurrentielle dans le marché. En somme, la différenciation de l’offre, comme de l’offrant, est une condition de pérennité des affaires dans le marché. Et la différenciation, c’est l’antithèse de la réplique des autres. C’est par l’identité, que se démarquera la valeur ajoutée du service au marché de l’entreprise. Ce qui imposera, que l’entreprise sache qui elle est, au lieu d’attendre que ses rivales établissent leur préséance d’être dans son marché de référence. L’entreprise non démarquée est un offrant non préférable. Et la préférence entre les offres et les offrants est matière d’identité propre des entreprises.

L’intelligification de l’agir managérial est un exercice permanent d’application pratique, fondée sur une théorie de l’identité propre de l’entreprise, appliquée aux stratégies, structures et processus de gestion de l’ensemble des ressources engagées dans l’activité. La théorie de l’identité propre sert de cadre de référence au jugement, partant aux décisions et aux actes, des acteurs-preneurs à l’activité de l’entreprise. Cette théorie suppose, de la part des acteurs-preneurs à l’activité de l’entreprise, une compréhension profonde du besoin qu’elle a d’être authentiquement différente dans son offre de même que comme offrant, si elle veut satisfaire la condition de création d’un client avant la concurrence. Ce n’est pas le « first-to-market »1, qui permet à l’entreprise de s’imposer comme intervenant durable dans le marché, mais la spécificité d’être et d’offrir face à la concurrence. Et cette spécificité, qui marquera auprès du client la différenciation de l’entreprise, comme offrant à préférer à la concurrence, tient de l’identité propre de celle-ci. Une identité qui ne sera pas strictement liée à la distinction de ses biens et services d’offre (l’aspect économique de sa réponse à la demande), mais qui inclura la qualité d’être de l’entreprise comme offrant (l’aspect social de sa réponse au besoin du client). En somme, la différenciation de l’entreprise, en termes d’identité propre, commencera par la singularité de son approche d’affaires. En se dotant de modes, méthodes et pratiques de gestion de l’activité fondés sur la dimension humaine de sa présence dans le marché, l’entreprise se rapprochera de l’attente sociale qu’exprimera la demande économique en biens d’offre que le client qui la sollicitera escomptera voir satisfaite.

1 Disposer d’un meilleur modèle d’affaires (identité propre), qui se fondera sur l’intelligification de l’entreprise et de son activité, est meilleur que l’approche « first-to-market » que proposent certains gurus. Chesbrough, H., (2006), Open Innovation, The New Imperative for Creating and Profiting from Technology, Harvard Business Review Press, p. xxvi.

L’entreprise ne peut donner dans l’activité durable, sans avoir une idée précise des motifs d’affaires qui la justifient socialement et qui la meuvent économiquement, comme réponse au marché. Et cela ne peut se restituer par de simples énoncés de vision, de mission ou de valeurs, ni le prononcé de stratégies de positionnement marché ou le résumé de structures de fonctionnement interne. De fait, l’identité de l’entreprise est plus qu’une nomenclature de valeurs de partage. C’est l’expression d’une personnalité, qui traduit, par l’intelligence du discours qu’elle sous-tend, l’entièreté d’être, d’avoir et de servir de l’entreprise. Cela transcende la raison sociale, et ressortit de l’apport de valeur sociale de l’activité économique induite par l’entreprise à travers son service au marché. L’identité propre, c’est l’intelligence globale en matière de conception, de gestion et de livraison du produit de l’activité de l’entreprise. Et aucune identité n’est propre, qui calque celle des autres. L’identité propre n’est pas davantage une conséquence des changements sporadiques dans la gestion des affaires de l’entreprise. L’identité précède la gestion de l’activité rendue. De fait, l’identité propre tire sa logique existentielle du cadre de référence théorique qu’adopte l’entreprise, en vue de justifier ses décisions et ses actions dans le marché. L’identité propre est une intelligification du discours, qui situe l’entreprise comme intervenant de marché, parce qu’elle traduit le pourquoi de sa responsabilité sociale et le comment de son activité économique.

L’action intelligente, dans l’entreprise, repose d’abord sur un corps abondant d’idées, d’interventions et d’innovations, parce que nourri de réflexions continues en savoirs utiles acquis, en savoir-faire démontré et en savoir-être assimilé par les responsables de son activité rendue. Or, la majeure partie des entreprises ne disposent pas d’un temps non plus que d’un espace d’échanges sur ces dimensions d’affaires, entre personnel et direction. Tout, ou presque, y a cours comme si les choses allaient de soi, et que l’action pouvait se substituer au dialogue requis pour l’expression, l’assimilation et l’évaluation des notions liées à l’identité propre de l’entreprise. Or l’identité propre de l’entreprise doit résumer, pour l’essentiel, la substance, la contenance et la pertinence de cette dernière comme intervenante différenciée dans son marché de concurrence. Et, contrairement à ce d’aucuns imaginent, la mission n’est pas l’identité, bien qu’elle serve de support de formulation à l’orientation de l’action à entamer dans le marché par l’entreprise. L’identité propre, c’est le fond et la forme de l’approche des affaires de l’entreprise, comprise tant en termes d’offre économique au client qu’en termes d’apport social à la communauté de ce dernier. C’est plus qu’un banal plan d’affaires, en vue de la distribution des biens et des services d’offre au marché. C’est l’entreprise déclinée en principe de constitution, en précepte de gestion et en logique de service au client.

L’intelligence des affaires se situe dans la réponse à la demande, et donc dans la préparation de l’offre qui l’étanchera. Et cette intelligence doit reposer sur la qualité des interrelations entre les parties intervenant directement dans les transactions qui feront le marché de l’entreprise : le personnel et le client. L’intelligification de l’entreprise n’est donc pas un calcul rationnel qui situe l’échelle du profit de l’entreprise sur la gamme de ses biens et services d’offre, mais bien une réponse émotive à un besoin social éprouvé par le client. Tout le marché, et donc l’avenir de l’entreprise, se joue dans le rapport social-économique que représente le tandem demande-offre. Les affaires sont donc une question d’interrelations entre l’entreprise et le client. Or, les relations de marché de l’entreprise sont établies et maintenues par des humains : le personnel et le client. L’intelligence en affaires, pour l’entreprise, supposera donc que les rapports personnel-client fonderont la valeur ajoutée de son service au marché. Et puisque tout reposera sur un contrat moral de réponse juste à une demande sociale de valorisation exprimée par le client, et que confirmera le service marché que ce dernier requerra et que satisfera le personnel de l’entreprise, tout devrait mener à l’origine de l’activité productive à un contrat non moins social entre l’entreprise et son personnel.

L’intelligification de l’entreprise trouve sa justification dans la qualité des rapports entre les partenaires de marché que sont le personnel et le client de celle-ci. Or, il ne peut être d’intelligence dans le service au marché, dès lors que la confusion règnera en matière d’identité propre au sein de l’entreprise. Et puisque l’identité propre se décline en fond et en forme, elle doit supposer un dialogue constant entre les parties les plus immédiatement impliquées dans le service au marché de l’entreprise. Le malheur, c’est que la direction n’instruit jamais complètement le personnel de ses intentions, sauf en ce qui a trait aux obligations qui le concerne. Or l’identité propre n’est pas comprise dans un cahier de charges, non plus que dans les exhortations au rendement sur l’activité de la part de la direction, mais dans l’état d’être de l’entreprise. Le personnel, pour assumer convenablement ses responsabilités au chapitre de l’activité menée, doit participer du même entendement des affaires que la direction de l’entreprise. Il doit donc être partie prenante à la définition de ses affaires, partant à la définition de l’identité propre de l’entreprise. Et puisque le marché évolue, et que l’entreprise doit interpréter la demande latente du client, celle-ci a tout intérêt à ce que son identité propre soit discutée couramment avec son personnel. Celui-là même qui doit établir et maintenir avec le client la relation qui rentabilisera le service au marché de l’entreprise. Ce qui ne saurait être accompli, à raison de demi-portion d’intelligence ou de demi-identité assumée en ce qui concernera l’entreprise. L’intelligification de l’entreprise, c’est l’intelligence d’affaires répartie dans l’ensemble du corps d’activité de cette dernière, en vue d’une réponse plus organique, et donc moins mécaniste, à un besoin social exprimé par le client demandeur.

Le dicton veut que l’on apprenne en faisant. Or, l’apprentissage précède l’action. S’il en était autrement, aucun acte sensé ne pourrait être accompli avant l’expérience nouvelle, et la succession des erreurs que cela entraînerait donnerait lieu à une perte élevée sur l’activité entamée. C’est le corps de notions acquises par ses acteurs-preneurs à l’activité, parce qu’ils comprennent l’identité propre de l’entreprise, qui dictent l’action conséquente d’un chacun dans espace-temps d’affaires. S’il convient de rentabiliser au mieux les ressources matérielles et financières engagées dans la production, il devrait tomber sous le sens que l’entreprise doive agir en premier sur la matière grise qui sustentera son activité, pour que sa réponse marché soit amorcée utilement via son processus d’affaires. Inverser l’ordre des interventions, en matière de gestion des capacités, potentialités et opportunités d’affaires de l’entreprise, c’est dé-économiser sur le résultat d’exercice de l’activité rendue. De fait, une logique d’activation du processus de production doit expliquer et justifier tout à la fois la succession des décisions et des actes, dans la réponse au marché, pour que la chaîne de valeur de l’entreprise retienne sa pertinence en termes de rendement accru. L’utilité économique, du système de gestion des ressources engagées dans l’activité, ne peut admettre des pertes sèches répétées sur l’ordre que requiert la meilleure séquence d’enchaînement du processus de production dans l’entreprise concurrentielle. Sans quoi, il ne sera plus d’intelligence à produire, mais de la récurrence à éviter de tout perdre. Or, la mission implicite de l’entreprise réside dans la récursivité de son service utile au marché. Et l’entreprise sans identité propre récuse le besoin de préférence du client.

Ce n’est pas le profit qui crée le client, mais le client qui génère le revenu dont le profit peut découler. Le service au marché est donc une fonction sociale de réponse à un besoin d’humain, par une offre économiquement acceptable et utile à l’humain qui l’accepte. L’intelligification des affaires, pour l’entreprise, est donc une question de rapports humains, dans le service au marché. Ce que nombre d’entreprises n’ont pas l’heur d’avoir suffisamment saisi, qui misent toujours plus sur les techniques, les technologies ou les produits d’offre pour justifier leur présence dans le marché. Si les uns et les autres sont nécessaires dans le service au marché, il demeure qu’ils n’ont pas la qualité première de réponse que requiert le client lorsqu’il formule sa demande. Le besoin du client est sans doute économique, mais ses attentes sont d’abord sociales. Le client n’achète pas le produit d’offre comme tel, mais l’utilité que lui procurera le produit acquis. C’est de qualité émotive, et non de rationalité quantifiée, que la demande du client recèle. La relation client avec l’offrant tient donc un rôle primordial, dans l’amorce de la transaction marché qui fera de l’offre de l’entreprise une réponse acceptable, parce qu’utile aux yeux du demandeur. Une relation qu’établira le personnel de l’entreprise, avec le client, qui, pour mieux servir, doit pouvoir s’identifier pleinement à l’offrant. L’expérience démontre, que fort peu d’employés de première ligne ne savent situer l’identité propre de leur entreprise. La raison en est simple : il manque d’intelligence dans le rapport d’affaires entre la direction et le personnel de première ligne de l’entreprise. Cette intelligence qui permet de comprendre, d’adhérer et de promouvoir l’entreprise pour ce qu’elle est dans sa composition, dans son service et dans sa valeur ajoutée au marché. La direction conclue, faussement, que le personnel de première ligne n’a pas à tout connaître de l’entreprise, mais à exécuter les ordres qu’elle lui adresse. Or le personnel de première ligne traduit auprès du client l’identité de l’entreprise, et ce qu’il méconnaît grandement d’elle ne la sert jamais grandement au final de ses offres marché.

Agir sans penser, c’est risquer de dépenser sans égard sur l’activité économe qu’impose d’office la valorisation de la ressource engagée dans une réponse optimale de l’entreprise face à son marché. Or l’absence d’une théorie de l’identité propre, c’est-à-dire d’un cadre de référence spécifique, discuté, agréé et appliqué par l’ensemble des acteurs-preneurs à l’activité, donnera ouverture à un défaut d’alignement des décisions et des actes dans l’enclenchement du processus de production-distribution de l’entreprise. La réponse optimale au marché, celle qui abaissera le coût d’effort sur l’activité menée et justifiera de l’économie sur les ressources engagées pour la permettre, ne peut découler d’une mal gestion des affaires de l’entreprise. L’entreprise doit intelligifier sa gestion des affaires, par l’adoption d’un cadre de référence en matière d’activité, qui inclura l’économie, la valorisation et l’actualisation des personnes, des ressources et des projets qui rendront sa production plus concurrentielle au terme de ses opérations courantes. Cela exigera une compréhension, aussi certaine que partagée, par tous les acteurs-preneurs à l’activité de l’entreprise, de qui elle est, de ce qu’elle offre et de ce qu’elle apporte. L’intelligification n’est pas un point d’aboutissement, dans l’exploitation des connaissances acquises par les acteurs-preneurs en instance de rentabilisation de l’activité de l’entreprise. Et elle est encore moins une résonnance des décisions péremptoires de la direction de l’entreprise. L’intelligification est un exercice, constant et systématique, d’explication, de formulation, d’assimilation, d’application, d’enrichissement et de critique des idées, par l’échange interpersonnel entre les acteurs-preneurs à l’activité, en vue d’assurer chez chacun concerné la meilleure maîtrise qui soit de l’identité propre de l’entreprise.

Au total, l’intelligification c’est l’appel, l’usage et le renforcement de l’intelligence collective, appliquée aux politiques, programmes et projets d’affaires de l’entreprise. Et il n’est pas d’intelligence d’affaires sans questionnement, comme il n’est pas de questionnement sans dialogue sur les modes, méthodes et pratiques d’affaires de l’entreprise. En somme, les capacités, les potentialités et les opportunités d’affaires de l’entreprise doivent trouver appui sur des procédures, des procédés et des processus d’activité qui rentabiliseront l’effort consenti pour produire le résultat optimal attendu sur l’exploitation économique des ressources engagées dans son activité. Or l’entreprise ne peut agir intelligemment, que si elle met à contribution étroite l’ensemble des savoirs, savoir-faire et savoir-être des acteurs-preneurs à son activité de concurrence. Le malheur, c’est que l’approche conventionnelle, en matière de gestion des affaires, s’inscrit en faux par rapport à l’exercice en commun d’un dialogue porteur qui campera l’identité propre de l’entreprise. La direction dicte, et le personnel obéit. La fracture, dans la circulation des idées, partant dans l’échange qui scellerait la cohésion des personnes, des projets et des choses dans l’entreprise, demeure profonde et permanente. Ce qui fragilise l’entreprise, en la cassant en deux segments d’activité non parfaitement intégrés, bien que tributaires par défaut du résultat de ses opérations de production.

L’activité, qui résulte de la transformation des matières premières, en vue de l’offre au marché, n’entraîne pas d’économie automatique sur l’effort engagé pour produire les biens et les services attendus. Il y a perte d’énergies, de temps et d’argent, à tous les stades de la chaîne de valeur, dès lors qu’il n’y a pas intelligification des décisions et des actes d’exploitation avant, pendant comme après le service au marché. Une gestion intégrée des affaires, seule capable d’optimiser l’effort consenti au travail par les acteurs-preneurs à l’activité, ne peut que reposer sur un corps de décisions et d’actions qui tiennent de l’intelligence des personnes, des projets et des choses dans l’entreprise. Or, il manque généralement d’intelligence aux affaires dans l’entreprise, parce que le dialogue qui doit l’assurer fait lamentablement défaut, entre les différents intervenants dans sa chaîne de valeur. Tout y est disjoint au chapitre des échanges d’intelligence, entre et sur les personnes, les projets et les choses qui doivent marquer l’identité propre de l’entreprise. Pourtant, le régime économique, qu’est l’entreprise, suppose que les opérations aligneront l’effort d’un chacun au chapitre de la gestion des décisions et des actes de production qui le concerne. L’exploitation économe de la ressource engagée, en vue de dégager un résultat optimal sur l’activité menée, en dépend. Rien ne sert d’activer la décision, de couper dans la ressource ou de mesurer le résultat pour pousser plus avant sur le rythme de production, si l’on ne sait pas convenir ensemble des pourquoi, comment, quand et où agir, et avec quel résultat, sur la chaîne de valeur de l’entreprise.

L’intelligification du processus d’affaires commande, que tous les acteurs-preneurs à l’activité, parce que tous auront participé personnellement à sa définition, comprennent, souscrivent et respectent l’identité propre de l’entreprise. Une identité qui sera faite de différenciation, autant dans le produit de l’activité menée que dans la gestion des processus de transformation des ressources la traduisant en biens et services d’offre dans l’entreprise. En somme, une identité fondée sur l’intelligification des affaires propres, que consolideront des échanges d’intelligence en matière de modes, méthodes et pratiques de gestion de l’activité dans l’ensemble de l’entreprise. En d’autres mots, l’intelligification du cadre d’exercice des affaires supposera, que l’entreprise disposera d’une théorie propre de l’activité, partant d’une identité singulière, en matière de réponse au marché. L’adoption de modalités de gestion de l’activité, comme l’adoption de stratégies de marché, sans théorie qui définisse spécifiquement l’entreprise, c’est comme viser un résultat sans point de mire. Mettre de l’intelligence, dans l’entreprise et dans ses affaires, a fort peu à voir avec sa mécanique de production, et beaucoup à voir avec l’humanisation de sa gestion. Plus l’entreprise sera intelligifiée, plus elle sera assumée de manière responsable par ses acteurs-preneurs aux décisions et aux actes. Plus elle sera responsable de son rendement pour le personnel, plus elle sera comptable de son utilité pour le client. L’intelligence d’affaires, pour l’entreprise, est une question d’interrelations réussies entre son personnel et son client, parce que fondées sur l’identité propre, comprise à travers les tenants et aboutissants de service au marché de celle-ci. Si l’entreprise mettait autant de temps, d’énergies et de fonds à intelligifier les rapports humains dans la gestion de l’ensemble de ses affaires, qu’elle ne met d’intensité, de répétitivité et de sagacité à intelligencer les rapports mécaniques entres ses équipements et ses systèmes, sans doute qu’elle en arriverait très vite à développer une identité propre qui la distinguerait plus avantageusement dans son marché. Mais voilà, les humains ont du mal à composer avec d’autres humains. Étrange, que l’entreprise ait pour fonction unique de répondre à un besoin d’humains, au terme de son activité de production. La vraie rentabilité de l’activité d’entreprise n’est pas dans l’accélération des mécanismes de production, mais dans l’amélioration de sa condition de service au marché, et donc dans l’intelligification de ses relations personnel-client.


EN CAPSULE

Intelligification de l’entreprise : Activation des capacités, potentialités et opportunités de contribution personnelle des acteurs-preneurs à la formulation, à la gestion et à l’amélioration des politiques, programmes et projets de l’entreprise. Le tout en cours d’élaboration, d’exécution et d’évaluation de ses mandats d’affaires, pour en abaisser le coût d’effort à la livraison et en élever d’autant le résultat sur l’exercice comme à terme la performance sur l’activité menée. Au lieu de tenir les personnes qu’elle emploiera comme une ressource humaine (dépense), l’entreprise concevra, reconnaîtra et compensera les acteurs-preneurs à son activité comme décideurs et acteurs premiers de ses modes, méthodes et pratiques d’affaires (investissement). Et ce, en vue d’adapter ses biens et services aux besoins et attentes effectifs de ses clients. Les procédures, procédés et processus du travail sont trop souvent des directives à appliquer machinalement, et deviennent, entre les mains des responsables de la tâche, de simples outils de conformité. C’est l’intelligence apportée aux affaires, celle dégagée des savoirs acquis, du savoir-faire démontré et du savoir-être actualisé, par les acteurs-preneurs directs à l’activité, qui doit ajouter, par l’initiative sur la tâche, l’essentiel du rendement que le service rendu au marché exige pour que l’entreprise se démarque de manière nette de la concurrence. On ne parle plus de gestion par objectifs (par projection d’apport), non plus que de gestion par résultats (par déduction d’apport), mais de gestion intelligente par l’intervention personnelle des acteurs-preneurs à l’innovation dans le travail qui assure au système de production-distribution de l’entreprise son efficacité et son efficience optimales. L’intelligification de l’entreprise, c’est l’intelligence des affaires, l’intelligence de l’activité, l’intelligence de l’agir managérial, l’intelligence du discours, l’intelligence des décisions et des actes, l’intelligence du modèle d’affaires, l’intelligence du cadre de référence de l’activité et de la gestion, comme l’intelligence de la relation personnel-client. Au total, c’est l’intelligence en action dans l’espace-temps de valorisation des stratégies, structures et processus d’activité et d’affaires de l’entreprise. C’est l’intelligence qui passe par l’empowerment confirmé, maintenu et complet des acteurs-preneurs aux décisions et aux actes dans le corps entier d’activité de l’entreprise. Il n’y a plus de clivage hiérarchique, ourdi par la direction, qui fracture le flux de réalisation des mandats de l’activité, par ségrégation du pouvoir (décideur) et du devoir (acteur) sur la tâche. Il y a, au contraire, confirmation, au niveau du travail décidé et acté, de l’apport d’intelligence personnelle, que requiert une activité menée dans la perspective d’une optimisation du rendement sur la ressource engagée pour la rendre. Il n’y a plus d’employeur ni d’employés, dans l’entreprise intelligifiée. Il n’y a que des partenaires d’activité, des associés d’affaires, des gestionnaires du rendement sur la tâche et des porteurs de valeur ajoutée au client. Des instituteurs d’intelligence additionnelle, dans l’amélioration des conditions, des décisions et des actions de l’entreprise. Des personnes vivement impliquées, par habiletés engagées et état d’esprit résolu, dans l’exécution économique des biens et services attendus par le client de l’entreprise. Le tout, dans une logique de réponse optimale à la demande sociale provenant du client à satisfaire.


L’intelligification est un exercice, constant et systématique, d’explication, de formulation, d’assimilation, d’application, d’enrichissement et de critique des idées, par l’échange interpersonnel entre tous les acteurs-preneurs à l’activité, en vue d’assurer par l’entremise de chacun concerné la meilleure maîtrise qui soit de l’identité propre de l’entreprise.


INTELLIGIFIER :

Formulation conjointe (direction/personnel) en vue de : COMPRENDRE
      Vision : poursuivre une vision commune de l’entreprise et de son marché;
      Mission : accomplir une mission commune à l’avantage du client;
      Valeurs : partager des valeurs communes d’actualisation de soi (personnel);

Gestion conjointe (direction/personnel) en vue de : APPRENDRE
      Personnes : gérer les interrelations de manière plus humaine;
      Production : coordonner les initiatives de chacun à la tâche;
      Innovation : libérer 15 % du temps d’emploi pour les projets personnels;

Amélioration conjointe (direction/personnel) en vue de : PARTICIPER
      Contexte : enrichir les conditions générales d’exécution du travail;
      Formation : assurer à chacun une formation continue, utile et applicable;
      Information : ouvrir les livres de l’entreprise à chacun sans restriction;

Évaluation conjointe (direction/personnel) en vue de : PARTAGER
      Objectifs : convenir d’objectifs audacieux, réalistes et porteurs de valeur ajoutée;
      Résultat/Performance : apprécier l’effort et reconnaître la contribution de chacun.

2) L’humanisation de l’entreprise

L’humanisation de l’entreprise est plus qu’un simple slogan de passage. C’est une vision de l’avenir en matière de gestion de l’activité et des affaires dans l’entreprise. À l’heure où l’informatique et la robotique envahissent le milieu du travail, et où l’attention des investisseurs et analystes financiers est toute tournée vers le profit, il convient de s’interroger sérieusement sur le sens réel de la mission de l’entreprise. Une mission qui n’est pas faite de rentrées comptables, mais de service au client. L’entreprise ne sert pas une fin d’activité ou d’affaires pour elle-même, mais une fin de consommation pour d’autres. Et si elle livre un bien ou un service à caractère économique, elle n’en répond pas moins à une attente sociale de mieux-être de la part du client qu’elle crée (satisfait).

L’entreprise est un compact d’intentions, de décisions et d’actions, qui concilie vision et mission dans une perspective de réponse adéquate à la demande exprimée par le tiers de marché qu’est le client. L’ensemble de son activité, partant de ses affaires, dépend de la qualité de son offre au demandeur qu’est le dit client. Or, tout, à cet égard, passe par une communication entendue et souscrite par le client. Ce qui indique, que tout y est fonction d’interfaces, d’interactions et d’interrelations, entre le personnel et le client, les parties aux transactions que suppose son service au marché. Une communication qu’assure, pour le compte de l’entreprise, et à l’avantage du client, le personnel de cette première. Les rapports humains, en matière d’activité et d’affaires de l’entreprise, sont déterminants d’utilité-marché, puisque les transactions de consommation sur biens et services d’offre de cette dernière en dépendent directement.

L’utilité-marché de l’entreprise n’est pas une donnée quantifiée, mais une donnée qualifiée de continuité de mission. Tant et aussi longtemps que la mission de l’entreprise, soit la création (satisfaction) du client, sera remplie, l’activité, partant les affaires, de cette dernière, peut contribuer à l’être, l’avoir et l’agir communs de l’offrant et du demandeur. Mais l’activité, et donc les affaires de l’entreprise, n’est jamais rendue que par l’entremise d’humains désireux de servir d’autres humains. C’est la dimension humaine qui signe la valeur d’utilité finale dans le marché de l’entreprise. Les biens et services livrés au client ne sont que l’expression matérielle de l’activité et des affaires, alors que les valeurs de l’entreprise sont l’assurance d’une réponse qui associera le demandeur et l’offrant. Et la transaction d’achat, qui scelle le marché entre l’offrant et le demandeur, n’est jamais qu’une formule de transfert de valeurs entre les parties qu’elle supposera. L’offrant conforte le demandeur en mieux-être (statut), et ce dernier conforte ce premier en plus avoir (utilité). Le numéraire, dont le profit est fait, qui permet le transfert du bien ou du service entre les parties aux transactions, n’est pas la fin mais le moyen du marché. La fin du marché est et demeure la création du client, ou ce qu’il est plus propice désormais de dénommer la satisfaction du demandeur.

L’entreprise-type a le tort de concevoir, de gérer et d’évaluer son activité, partant ses affaires, à l’aulne du seul profit. Tout, pour elle, est matière à gain financier, alors que sa raison d’être, peu importe l’énoncé qui la traduira en mots, demeure le service au client. L’objet de l’activité, pour être régularisé, doit être recentré sur l’humain, ses besoins et ses attentes, ceux qui expliqueront ses comportements. Or, les comportements des humains sont fonction des croyances des personnes qu’ils sont. Et les croyances des humains se fondent sur des valeurs souscrites par eux. En termes de consommation, et donc d’activité utile au marché, on parlera des valeurs à résonnance commune entre l’offrant et le demandeur. Ce sont les valeurs de partage entre eux, qui rapprocheront la demande et l’offre, en ce sens que le confort recherché à travers le besoin exprimé par le demandeur sera renforcé par les attentes remplies à compter du service procuré par l’offrant. Il n’est ici question d’aucun rapport d’équité économique, entre l’offrant et le demandeur, mais d’équilibre dans le rapport social que supposent les valeurs partagées simultanément par l’une et l’autre des parties à la transaction les réunissant.

Dans le corps d’emplois, le même phénomène existe, dont on ne prend pas assez conscience dans l’entreprise-type. Le travail repose sur un échange équitable d’engagement à fournir (employeur) et à produire (employés) l’essentiel requis, afin que l’activité et les affaires soient concurrentielles pour l’entreprise. Si l’entreprise enrichit le contexte du travail, et améliore les conditions générales d’exécution de la tâche, alors le personnel ajoutera à l’activité et aux affaires par un engagement résolu au dépassement de soi à la tâche. Et c’est le dépassement de soi au travail, qui assurera la prégnance d’un service-marché plus concurrentiel pour l’entreprise. En somme, le contrat d’emploi, qui devrait en être un de contrepartie d’engagement entre l’employeur et l’employé, n’a d’utilité, en termes d’activité et d’affaires, que s’il est respecté comme voie d’équilibre entre les besoins de l’entreprise et les attentes du personnel. Et comme il a été précisé, pour le marché de la consommation, ce sont les attentes qui vont justifier la pertinence du besoin satisfait. En d’autres mots, l’engagement du personnel à la tâche dépend d’abord du contexte et des conditions du travail qui seront siens, et donc du cadre de gestion de l’activité et des affaires qu’aura décidé et appliqué la direction de l’entreprise.

L’entreprise-type a l’habitude de fixer des objectifs de rendement sur la tâche, sans tenir compte du contexte et des conditions générales d’exercice du travail. Elle procède par stretch prédéfini de rendement sur l’activité, à compter du niveau de résultat atteint lors de l’exercice précédent. Ce qui ne tient aucunement compte des accélérateurs, non plus que des inhibiteurs de la tâche. De fait, au fur et à mesure des mandats d’emploi, la demande-marché aura changé, et donc les cibles de résultat devraient avoir tenu compte des exigences nouvelles d’exécution du travail que cela imposera. Le malheur, c’est que, trop souvent, les modes, méthodes et pratiques de gestion de l’activité et des affaires n’auront pas changé proportionnellement dans l’entreprise. Les cibles de résultat seront devenues plus exigeantes, et leur atteinte sera d’autant moins assurée que le contexte et les conditions du travail n’auront pas été ajustés pour en tenir compte. Dans ce sens, le travail aura l’allure d’une instrumentalisation de l’effort pour le rendre, alors que l’activité et les affaires devraient être humanisées pour leur accomplissement. Le rendement sur la tâche, et donc sur l’activité et les affaires, est déterminé en termes mathématiques, alors que l’entreprise devra compter sur l’engagement psychologique des acteurs-preneurs à celles-ci pour en relever le niveau. La gestion se déshumanise, quand le résultat commanderait qu’elle s’humanise pour réussir le pari-marché de l’entreprise.

L’humain est le cadet des soucis de la direction dans l’entreprise-type. Pourtant, dans la foulée de ses rivales de marché, elle se sera dotée d’énoncés brillants en matière de vision, mission et valeurs. Le problème, c’est que ceux-ci seront demeurés lettres mortes, alors que le vécu de l’entreprise-type indiquera que les vraies choses y étaient tout sauf humaines. Les indicateurs de mesure, les cibles de résultat comme les pratiques d’évaluation du rendement à la tâche seront des preuves patentes et parlantes de la déconsidération de l’humain à travers le principe de gestion de l’activité et des affaires de l’entreprise. Or, ce sont les humains qui décident et agissent dans le corps d’emplois de l’entreprise. Et le fait de leur désengagement marqué envers l’employeur, comme envers la tâche, devrait lui indiquer que leur niveau de satisfaction ne peut lui assurer une exécution optimale de son activité et de ses affaires. Ce ne sont donc pas les mesures de sortie du système de production qui amélioreront son rendement, mais bien le contexte et les conditions d’exécution de la tâche qui relèveront le niveau de celui-là.

L’entreprise-type souffre de carences multiples, en termes de cadre de gestion, dont les principales sont : l’opacité de la gouvernance; la sur-centralisation du pouvoir de décisions; l’absence de reconnaissance des apports d’un chacun au résultat d’opération; le manque répété d’éthique en affaires; le traitement non-équitable de ses acteurs-preneurs premiers à l’activité et aux affaires; le défaut (crasse) d’imputabilité de ses dirigeants. Or, sans parler de l’importance immédiate des modes, méthodes et pratiques de gestion plus directement collés sur l’activité et les affaires, ces mesures contribuent à « polluer » l’espace-temps du travail. Le personnel se sent comme une bête de somme, alors qu’il escompte être traité comme une tête pensante dans l’entreprise. La direction n’en a que pour elle-même, et ses exigences n’ont rien qui permette à l’entreprise d’entrevoir un relèvement du niveau d’engagement de son personnel au travail.

Il manque cruellement d’humanisation du contexte et des conditions d’exécution du travail dans l’entreprise-type. Et c’est bien là que le bât blesse. Le rendement accru sur l’activité et les affaires ne peut être assuré, que par l’engagement résolu du personnel de ligne, dont la fonction, justement, est de livrer ce premier. Rien ne sert d’adopter des pratiques de gestion de fine pointe, si on ne les met pas en application. Or, les meilleures intentions d’amélioration du contexte et des conditions du travail ne remplaceront jamais le cadre fixe des conditions d’exécution de l’activité et des affaires. L’entreprise-type se fourvoie, qui pense obtenir un rendement supérieur, en pressant toujours plus le rythme de production de son personnel. Les personnes, comme les machines, ont leur point de rupture. Et celui-là n’est pas moins réel, parce que moins visible chez personnes que chez les « bots ». Par contre, s’il est une limite physique aux systèmes matériels (machines), il n’est pas de limite morale aux humains qui veulent s’engager à se dépasser à la tâche.

L’entreprise-type doit recentrer l’humain dans son activité comme dans ses affaires. Elle doit être plus consciente du fait que l’avantage-marché le plus certain pour elle se trouve enfoui dans l’intelligence créatrice de son personnel. Et son personnel doit être largement et constamment stimulé par le contexte et les conditions de la tâche, pour engager son talent entier au dépassement de soi comme contributeur d’innovations dans l’activité et les affaires rendues. Ce sont les décisions et les actes de personnes dédiées qui font la différence, en termes de contributions sur l’activité et les affaires, et ce sont les personnes les plus engagées au travail qui ajoutent le plus d’innovations à la tâche. Ce sont donc elles, bien plus que les mesures de la performance, qu’il faut suivre, pour que le rendement sur l’activité et les affaires réponde aux impératifs de positionnement-marché de l’entreprise. Et suivre ne veut pas dire contrôler, mais libérer l’esprit entrepreneurial de chacun, de sorte que l’appropriation du travail induise le résultat supérieur attendu.

Les acteurs-preneurs à l’activité et aux affaires attendent du contexte et des conditions d’emploi, qu’ils soient stimulants, et donc satisfaisants, de sorte qu’ils puissent s’actualiser à travers eux. L’espace-temps d’activité et d’affaires doit être géré dans la perspective de l’épanouissement des personnes, plus que dans celle du profit. D’ailleurs, un milieu du travail qui, comme cadre d’expression de soi, mènera à l’accomplissement de soi, parce qu’il conviera au dépassement de soi, ne peut qu’être favorable au niveau d’engagement à la tâche qui fera de l’entreprise une première de rang dans son secteur. En somme, plus l’entreprise humanisera sa gestion, et donc son activité et ses affaires, plus elle suscitera l’envie de s’engager résolument chez son personnel. Et c’est bien celui-ci qui accomplit la mission-marché de l’entreprise, parce que c’est lui qui fabrique, livre et valorise les biens et services d’offre de l’entreprise par son entrain au travail.

L’humanisation de l’espace-temps du travail ne doit pas être comprise comme une cible de résultat d’exercice, mais comme un état d’être, d’avoir et d’agir perpétuel qui signera l’identité propre de l’entreprise. Et l’identité propre, c’est l’intelligence globale en matière de conception, de gestion et de livraison du produit de l’activité et d’affaires de l’entreprise. Or, aucune identité n’est propre, qui calque celle des autres. L’identité propre n’est pas davantage une conséquence des changements sporadiques dans la gestion de l’activité ou des affaires de l’entreprise. L’identité propre précède la gestion de l’activité et des affaires. De fait, l’identité propre tire sa logique existentielle du cadre de référence théorique qu’adopte l’entreprise, en vue de justifier ses décisions et ses actions dans le marché. L’identité propre est une intelligification du discours, qui situera l’entreprise comme intervenante de marché, parce qu’elle traduira le pourquoi de sa responsabilité sociale et le comment de son activité économique.

La gestion à visage humain sera celle qui saura démarquer l’entreprise, en mettant au premier plan l’homme et la femme au travail. L’un et l’autre sont le moteur de sa conception, de sa gestion et de sa trajectoire de progression dans le marché. Ce sont les valeurs de l’entreprise qui entraînent la valeur de l’activité, et non pas l’inverse. Le profit ne peut donc être entendu comme fin de l’entreprise. La fin de l’activité ne peut être comprise que par rapport au service au client, et le client est l’élément essentiel de définition de la raison d’être de l’entreprise. Instrumentaliser l’activité ou les affaires, ou mathématiser la gestion et robotiser l’offre-marché, n’a rien d’utile, dans une entreprise dont le service au client repose sur la qualité des relations entre les personnes qui scellent d’offre en demande ses transactions d’activité et d’affaires. La chaîne de consommation, qui va de la production à la distribution, est faite d’interfaces, d’interactions et d’interrelations qui mettent en rapport des personnes. L’entreprise est donc une réponse au besoin social de s’accomplir d’humains, par les échanges, que son activité supposLe personnel attend un contexte et des conditions propices à son actualisation. Le client attend un service qui contribue à son mieux-être. Le dirigeant attend que l’entreprise lui permette de satisfaire ses obligations. Or, dans chacun de ces cas, ce sont les valeurs (sociales) des personnes concernées que l’entreprise doit traduire, au terme de son activité, en valeur (économique) ajoutée. La valeur économique dépend donc des valeurs psychologiques, dans le cycle d’activité et d’affaires de l’entreprise. Ce qui dicte bien que le traitement des personnes doit primer sur le traitement comptable des opérations. Ce sont des personnes, qui donneront son sens à l’activité et aux affaires, et l’entreprise intelligifiée sera celle qui répondra par elles de l’utilité de son service au marché.

On ne sort pas du cercle vertueux que comprend, dans l’ordre que voici, la satisfaction-psychologique (valeurs) et la satisfaction-économique (valeur), dans l’entreprise qui se gère en fonction de l’accomplissement optimal de sa mission-marché. Étrangement, l’entreprise-type, qui se veut « performante », inverse l’équation, et attend, comme par magie, que les choses se dérouleront dans le sens d’une séquence logique de gestion de l’activité et des affaires. Or, l’inversion des choses à ce chapitre indique, au personnel comme au client, que l’entreprise-type n’a de considération réelle que pour elle-même. Le profit, comme fin d’activité, n’a pas pour effet d’inciter le personnel au dépassement de soi au travail, et, qui plus est, donne à entendre au client qu’il n’est pas sujet à service mais à rançon par l’entreprise.

L’entreprise humanisée est celle qui satisfait non seulement sa mission-marché de manière optimale, mais celle qui répond de manière responsable aux attentes normales d’accomplissement de soi de son personnel et de son client. Le rendement sur la tâche n’a pas à être sollicité, lorsque le contexte et les conditions du travail sont propices au dépassement de soi. Et nul n’a véritablement envie de se défoncer, quand l’entreprise n’a pas la considération qu’il faut pour satisfaire les attentes psychologiques de mieux-être au travail pour l’employé et de mieux-être au service pour le client. Le tort, chez tant et plus d’analystes, de consultants et de professeurs, comme de dirigeants et de superviseurs, c’est d’imaginer pouvoir tout obtenir en mieux en investissant le moins possible dans la qualité des interfaces, interactions et interrelations avec le personnel et le client.

L’humanisation de la gestion, c’est la prochaine étape obligée dans le redressement du contexte et des conditions d’exercice de la tâche, si tant est que l’entreprise veuille sérieusement ajouter de la valeur à son activité et ses affaires. Nous sommes très loin du compte, pour l’instant. Mais rien n’est parfaitement impossible, si tant est que l’intelligence commandera les décisions et les actes dans l’entreprise en voie de réforme.

3) La confiance dans l’entreprise

L’HUMANISATION DE L’ENTREPRISE
POUR UNE ENTREPRISE DE L’HUMAIN

L’entreprise est une instance de rencontre de volontés d’être, d’avoir et d’agir ensemble, pour sa direction et pour son personnel. Rien n’y sera accompli, dans le sens d’un service-marché optimal, qui ne sera d’abord le fruit d’une étroite coopération entre la direction et le personnel. Ce qui supposera, que des liens forts de confiance existeront entre les deux. Et ceux-ci ne pourront être occasionnels, voire incertains. La confiance n’est pas un don de soi aux autres qui ait la particularité d’être renouvelé après qu’elle ait été trahie par les concernés. Entre l’entreprise et le personnel, il devra exister un degré élevé de confiance, que la direction verra à assurer et à maintenir par des décisions et des actes conséquents en termes de résultat et de performance sur l’activité et les affaires. En somme, le capital-confiance de l’entreprise, avant que d’engager le client à la transaction réussie, doit d’abord être exploité profitablement en cours d’activité et d’affaires à l’avantage du personnel. C’est le personnel, qui établira les rapports-marché avec le client. C’est donc lui qui valorisera ou dépréciera l’identité propre de l’entreprise, dans le marché. L’entreprise ne gagnera rien à priver son personnel de la confiance que requiert son engagement résolu à la tâche. Une confiance partagée, que devra sustenter la qualité des politiques de gestion de l’activité et des affaires entérinées par la direction de l’entreprise.

L’ENTREPRISE ET SA CULTURE

La culture restitue l’esprit qui prévaut dans le corps d’activité et d’affaires de l’entreprise. Elle dit tout, si on l’observe et la comprend bien, de l’état d’être, d’avoir et d’agir de ceux et de celles qui font l’entreprise. Rien n’est plus sûr d’identité propre de l’entreprise, que sa culture. Si elle inspire confiance au client, alors l’entreprise gagnera en valeur ajoutée de service-marché. Si elle engage le personnel au dépassement de soi à la tâche, alors l’entreprise gagnera en pérennité-marché. Toutefois, la culture ne se gère pas comme on dispose des technologies de production en entreprise. Par contre, elle se renforce, par l’amélioration du contexte du travail et des conditions générales d’exécution de la tâche. La culture est à la mesure de la satisfaction des acteurs-preneurs à l’activité et aux affaires de l’entreprise. Et la satisfaction du personnel au travail, elle, se gère. Reste à savoir, si la direction de l’entreprise voudra satisfaire son personnel, ou se servir de celui-ci pour s’imposer. Chose certaine, l’avantage concurrentiel durable de l’entreprise n’est pas une question de pouvoir, mais de mission-marché remplie. Or, le personnel se situe, dans la chaîne de valeur, au point d’aboutissement de la mission-marché de l’entreprise. Gagner, pour l’entreprise, c’est faire gagner son personnel. Une histoire de confiance vécue par et entre les deux !

L’ENTREPRISE ET SES COMMUNICATIONS

L’entreprise communique qui elle est, par qui elle embauche et promeut au travail. Qui plus est, elle communique, par sa direction, avec qui elle embauche et promeut en emploi. Son identité propre est portée par sa culture, et celle-ci est à l’image de qui anime, gère et rend son activité et ses affaires. Le registre des communications de l’entreprise est large, bien que la bande d’expression de son identité propre doive être étroite. Tout ce que l’entreprise affirme, projette et valorise doit s’inscrire dans une perspective de message compris, par qui elle voudra intéresser à son activité et à ses affaires. Or, s’il est des façons variées de dire et de faire pour l’entreprise, il n’est toujours qu’une seule mission-marché à accomplir pour elle. Ses communications doivent traduire, dans l’intelligence, son engagement de service-utile au client. En somme, l’entreprise doit être perçue, acceptée et préférée pour qui elle est et pour ce qu’elle offre. La confiance est donc au coeur de ses rapports avec le client. Et comme le personnel est la passerelle obligée de ses échanges avec le client, l’entreprise doit compter que celui-là rendra d’elle l’image attendue. Or, il n’est pas de projection positive de l’autre, chez le personnel qui n’a pas l’heur d’avoir la confiance de l’entreprise. En d’autres mots, l’entreprise gagnante de marché devra avoir confiance dans son personnel, pour que son client ait confiance en elle… à travers ce premier.

LA CONFIANCE DANS L’ENTREPRISE

L’entreprise en déficit de confiance, au chapitre de ses rapports avec son personnel, est perdante de marché au départ de son activité et de ses affaires. La confiance doit exister, dans le corps d’emplois entier de l’entreprise, pour que l’activité et les affaires de cette dernière soient rendues avec l’efficience requise. Or, l’efficience requise n’est pas celle déterminée par les analystes financiers, mais celle obligée qui découle de la mission-marché de l’entreprise (satisfaction du client). L’entreprise a mandat implicite de résultat, dans son service-marché. De fait, le client n’escompte pas de l’entreprise des demi-mesures de satisfaction. Pas plus, d’ailleurs, que l’actionnaire n’attend des demi-portions d’effort, à la valorisation de son investissement dans l’activité et les affaires de l’entreprise. L’entreprise a donc mandat additionnel de moyens, en ce que sa fin ne peut être pleinement accomplie que par des moyens optimaux. Ce qui exigera d’elle des modes, méthodes et pratiques de gestion supérieurs, par rapport à ses rivales de marché. Or, les modes, méthodes et pratiques d’activité et d’affaires les plus éprouvés, sans confiance dans le milieu du travail pour les rentabiliser, sont des coups d’épée dans l’eau. C’est la confiance qu’ils inspireront au personnel de ligne, qui fera ou s’élever ou s’abaisser le degré d’engagement d’un chacun à rendre sa tâche assignée de manière optimale en entreprise.

LA CONFIANCE ET LE LEADERSHIP

Le leadership est une forme de confiance dans l’autre, pour celui qui l’exerce en entreprise. La confiance sans leadership est méprise, et le leadership sans confiance est naïveté. Les deux sont des dons de soi aux autres, et s’interprètent en valeurs, engagements et comportements positifs en milieu du travail. Or, le don de soi n’existe, que s’il est admis par l’autre. En somme, il n’est pas de leadership sans jugement par l’autre, comme il n’est pas de confiance dans l’autre sans jugement de l’un sur l’autre. Ensemble, la confiance et le leadership, s’ils sont répartis dans le corps d’emplois entier de l’entreprise, constituent l’armature obligée d’échanges réussis entre les personnes y oeuvrant. L’engagement à la tâche, sans confiance en soi de la part de la direction, c’est l’illusion d’un intéressement à l’activité et aux affaires plus qu’au salaire. L’engagement à la tâche, soutenu par le leadership marqué des autres, en milieu du travail, c’est l’assurance d’une influence positive par le groupe sur le résultat de l’activité et des affaires dans l’entreprise. La direction a donc tout intérêt à agir dans le sens d’un leadership largement distribué dans le corps d’emplois entier de l’entreprise, si elle veut stimuler l’engagement du personnel au travail. Elle aurait tort, cependant, de l’espérer, si elle n’a pas d’abord assuré la confiance au personnel, par un contexte du travail et des conditions générales d’exécution de la tâche qui soient propices à l’actualisation des acteurs-preneurs à l’activité et aux affaires qui le compose dans l’entreprise.

LE LEADERSHIP DE LA CONFIANCE

L’entreprise gagnante de marché, celle qui accomplit sa mission de manière optimale, pratique le leadership de la confiance. Son capital-confiance est supérieur à celui de ses rivales de marché. Tout chez elle respire l’intelligence du rapport aux autres, parce que son activité et ses affaires sont humanisées à la base. Ses modes, méthodes et pratiques de gestion sont fonction de l’actualisation des acteurs-preneurs à son activité et à ses affaires. Elle soigne son contexte du travail et ses conditions générales d’exécution de la tâche, parce qu’elle comprend que la réalisation de soi, pour son personnel, n’est pas indépendante de ceux-ci. Il n’est pas d’engagement soutenu à la tâche, dans un milieu d’expression de soi bloqué pour chacun impliqué au travail en entreprise. L’entreprise, qui entend remplir sa mission-marché de service-utile au client, ne peut qu’entendre celle-ci en termes optimaux de gestion de l’activité et des affaires. Or, il ne peut être de rendement optimal sur l’activité ou les affaires de l’entreprise, sans engagement également optimal des acteurs-preneurs à celles-ci. Le leadership de la confiance, c’est donc le viatique qui permettra à l’entreprise de se loger au premier rang dans son secteur. Ce que supposera, implicitement, l’obligation de service que comprendra sa mission-marché. La création du client, dans une perspective de satisfaction, ne peut être définie par une demi-condition de mission. La mission-marché de l’entreprise si elle est entièrement remplie, elle le sera en termes d’efficience optimale sur le service livré au client concerné.

L’HUMANISATION DU ROBOT
OU LA ROBOTISATION DE L’HUMAIN

L’engagement à la tâche est indéniablement un facteur de performance, si tant est que l’entreprise y donne suite en améliorant constamment son cadre de référence en matière de gestion globale. Ce qui supposera, que l’entreprise révisera en permanence ses modes, méthodes et pratiques de gestion de l’activité et des affaires. Gagner, pour l’entreprise, ne commande pas qu’elle déroge aux lois d’application statutaire, ou qu’elle se soustrait aux codes de déontologie l’obligeant. Cela imposera, qu’elle innove. Qu’elle se transforme en profondeur, et non pas qu’en apparence. Qu’elle réforme son contexte du travail et reformule ses conditions générales d’exécution de la tâche. C’est un tort généralisé, que de penser que la motivation au travail soit assurée une fois pour toute par le salaire. La recherche en psychologie démontre que les besoins humains progressent vers l’actualisation de soi. Or, nul ne se réalisera jamais entièrement, parce que personne ne se connaîtra jamais complètement. L’ordre des besoins est infini chez l’humain, parce que la limite des moyens pour les satisfaire est inconnue. De toute manière, le contexte du travail et les conditions générales d’exécution de la tâche vont varier autant de fois que l’environnement externe de l’entreprise fluctuera. Or, personne ne sait où s’arrêteront les transformations de l’environnement externe de l’entreprise. Ce qui dicte, que l’entreprise gagnante, celle qui doit se transformer pour l’être, devra se repenser, se reformuler et se réévaluer sans cesse… et ce au profit de ses parties prenantes et non pas exclusivement d’elle-même.

L’EFFICACITÉ ET L’EFFICIENCE
DOIVENT SE CONJUGUER ENSEMBLE

L’efficacité consiste à faire la bonne chose. Ce qui correspond au leadership. L’efficience est de bien faire la chose. Ce qui correspond au management. Or, l’entreprise gagnante d’activité et d’affaires doit pouvoir conjuguer les deux talents, pour accomplir pleinement sa mission-marché. Ce qui ne s’exprimera pas tant en données financières, qu’en satisfaction des parties prenantes à son activité et à ses affaires. De fait, l’entreprise n’a pas mandat d’engranger de la recette, et d’en tirer un surplus supérieur chaque fois. Elle a mandat implicite de créer (satisfaire) le client. Ce qui supposera, qu’elle doive satisfaire qui servira le client. Un personnel insatisfait à la tâche est fatalement un personnel insatisfait au service-client. Or, le management responsable, celui assumé en fonction de la raison d’être de l’entreprise, ne peut qu’engendrer un taux de satisfaction-marché supérieur. Et la satisfaction-marché, outre qu’elle puisse s’exprimer verbalement, se dénote, plus valablement, à travers la récurrence des transactions conclues par l’entreprise. Et le point de jonction de ces transactions se décline en relations personnel-client. Ce sont donc le personnel et le client, que l’entreprise doit satisfaire, pour qu’elle accomplisse sa mission-marché de manière optimale. Il y a donc lieu pour elle de conjuguer confiance et leadership, au chapitre de sa gestion courante de l’activité et des affaires, pour justement élever le niveau d’engagement du personnel et du client. En somme, avant d’être gagnante sur le marché, l’entreprise doit être gagnante sur elle-même. Elle doit s’intelligifier, s’humaniser et s’investir davantage en interfaces, interactions et interrelations, au lieu de s’instrumentaliser toujours plus en activité et en affaires. L’avenir de l’entreprise réside dans l’humain utile aux humains.